mardi 20 avril 2010

Généralités sur les psychoses

I - Généralités

Il est classique de diviser la pathologie psychiatrique en deux groupes : les psychoses et les névroses.

Les troubles anxieux et névrotiques sont :

Très fréquents.
La clinique est dominée par l'anxiété et l'angoisse, sans perturbation majeure du cours de la pensée.
Le plus souvent peu invalidants.
Les soins sont surtout ambulatoires et individuels (médecin, psychiatre, psychothérapeute).

Les toubles psychotiques sont :

Moins fréquents.
La clinique est dominée par le délire et les hallucinations. Les troubles du cours de la pensée sont majeurs.
Souvent très invalidants.
Rôle important des soins spécialisés et des structures hospitalières psychiatriques. Importance du travail en équipe.

Les grandes pathologies psychotiques sont:
- la schizophrénie et la paranoïa : pathologies chroniques de l'adulte ;
- les psychoses infantiles
- un trouble aigu : la bouffée délirante aigüe

Cette dichotomie psychose-névrose, n'est pas admise par tous. La psychose maniaco-dépressive est souvent considérée comme un trouble de l'humeur et non comme une pathologie psychotique. Dans ce cas, il lui est préféré le terme de trouble bipolaire.

II - Le délire



Il caractérise les troubles psychotiques.

Délirer, a une origine latine, delirare, "sortir du sillon"

L'expression familière "je ne délire pas " est là pour indiquer que "c'est bien réel et je ne me trompe pas"

Délirer, c'est croire quelque chose mais cette croyance est fausse, irréelle, irraisonnée et non partagée par l'entourage et la société. Classiquement, c'est un trouble du jugement, et de ce point de vue, rêve et délire sont comparés.

Il faut bien comprendre le problème clinique : se tromper, se croire à tord menacé ou malade, ce n'est pas obligatoirement délirer. Certains peuvent avoir des croyances très différentes (pensez aux diverses croyances religieuses par exemple) sans pour autant délirer. De même un authentique délirant peut avoir la conviction délirante d'avoir un cancer ou avoir un délire de jalousie par exemple, et cela peut être vrai (tout en étant délirant). Un paranoïaque jaloux peut réellement être trompé par sa femme. Il n'en reste pas moins paranoïaque.

Le délire n'est pas tant dans ce qui est dit, ni de savoir ce qui est vrai ou faux mais plutôt dans la manière de dire et dans la manière d'étayer la croyance délirante.

La clinique du délire se propose de repérer :

* La conviction délirante : elle peut être plus ou moins importante, avec plus ou moins de possibilités de critiques ou de doutes
* Le thème délirant : mystique, persécutif, jalousie, mégalomanie, etc.
* L'organisation : la logique interne du délire, son évolution dans le temps et la place prise dans la pensée du malade.
* Les mécanismes délirants : comment se construit la conviction délirante.

III - Les mécanismes délirants

Ils entretiennent et construisent le délire.


1/ Les hallucinations

L'hallucination est une perception sans objet. C'est voir alors qu'il n'y a rien à voir, entendre alors qu'il n'y a rien à entendre, etc.
Hallucinations sensorielles

L'hallucination est véhiculée par un des sens.

Ainsi ce peut-être des hallucinations auditives, les plus fréquentes en psychiatrie sont des hallucinations acoustico-verbales (entendre des voix qui parlent).

Il existe aussi des hallucinations :

- visuelles, prédominantes, elles sont en faveur d'une pathologie organique non psychiatrique.
- olfactives et gustatives, mauvais goût, odeur de gaz, etc.
- tactile piqûre, brulure, attouchement, démangeaisons, etc.
- cénesthésiques, perception à l'intérieur du corps.

La perception est située dans l'espace (la voix vient de derrière, l'odeur est par ici, etc.)

Hallucinations psychiques

La perception est "à l'intérieur", elle ne passe pas par les sens, ce qui est perçu n'est pas situé dans l'espace. C'est une pensée ou une déformation de la pensée que le sujet ne reconnait pas comme la sienne. Il a l'impression d'une intrusion à l'intérieur de soi.

Le syndrome d'influence

C'est une prise de contôle des actes ou de la pensée: «On m'oblige à dire des vulgarités, on m'envoie des mauvaises pensées, ...»
Le syndrome d'influence peut produire un délire complexe :«Ils ont construit un ordinateur qui envoie des ondes pour contrôler mon cerveau.»

L'automatisme mental

C'est un concept ancien et complexe de la psychiatrie classique.
En pratique, il désigne des hallucinations psychiques qui se manifestent par des pensées commentant les actes et la pensée, une énonciation des gestes, un écho de la pensée (répétition). Cela entraîne une perte de l'intimité psychique avec un sentiment de désappropriation de son psychisme.

Les hallucinations non psychiatriques

La présence d'hallucinations ne signe pas obligatoirement une pathologie psychiatrique. Elles peuvent se rencontrer dans des maladies neurologiques et plus rarement dans certaines pathologies ophtalmologiques et ORL.

L'hallucinose désigne les hallucinations plus ou moins complexes qui sont considérées comme non délirantes car critiquées par le sujet. Elle oriente vers une étiologie non psychiatrique.

Les hallucinations hypnagogiques surviennent à l'endormissement, elles sont le plus souvent sans signification pathologique.


2/ L'illusion

C'est une perception déformée de la réalité. Elle est plus banale et peut s'observer dans des situations non pathologiques. C'est par exemple apercevoir la silhouette d'un homme la nuit alors qu'il s'agit de l'ombre d'un arbre.


3/ L'interprétation

C'est l'interprétation erronée d'un fait réel. Par exemple : quelqu'un marche derrière moi (vrai), je suis en danger (interprétation fausse).


4/ Intuition

L'intuition délirante est une connaissance délirante immédiate, sans recours au raisonnement, qui s'impose comme vraie au sujet.



4/ Imagination

C'est l'imagination d'une histoire, d'un récit plus ou moins riche qui s'imaginant devient réalité.

Serge Delège

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